Suite de mon récit de séjour estival, vous contant mes aventures de l’été 2024 orientées body-painting & photographie…
De Devèze à Bélézy
C’est le matin, et il s’agit de ne pas louper le car : en ces contrées lointaines, il ne peut en passer qu’un ou deux par jour. Fort gentiment, Fabrice, co-gérant du domaine Devèze, me dépose en voiture. Le début d’une longue journée de transports, comptant véhicule, car, plusieurs trains et beaucoup d’attente d’une correspondance à l’autre. Mais c’était prévu ! Les transports de région en région sont rarement simples, et encore je suis chanceux. Malgré tous mes calculs, je sais d’avance que j’arriverai sans doute à Carpentras après le dernier car (oui, là aussi il y en a… peu). Il faudra donc compter sur Aubryan pour transitionner de la ville à la campagne, une fois de plus par la route.
Voici donc le second séjour body-painting et photographie qui se profile : Bélézy ! L’un des domaines que je comptais contacter. Par la force des choses, je n’ai pas eu à le faire car Aubryan, lui encore, cette année responsable des animations, m’en a parlé avant. Fan du projet Symbiose depuis un bon moment, voilà plusieurs années que nous étions en contact, avec pour objectif d’organiser un partenariat. C’est enfin chose faite…
Sieur Aubryan vient me chercher avec deux animateurs du club enfants et ados, Arthur et Oscar. Me voilà donc intégré à l’équipe dès les premières minutes…
Un objectif se décide alors : demain matin, Oscar et Arthur partent en rando et je les accompagne. Entre le début de la marche et l’ouverture de mon stand body-painting, l’enchaînement devrait être parfait. Sauf que…
Premier jour… en mode rock n’ roll
Sauf qu’il y a eu malentendu. Ce qui nous attend : un (grand) minimum de 4H de vadrouille, pierres érodées, terre caillouteuse, pentes glissantes… et près d’un kilomètre de dénivelé à se farcir. Pour ma pomme je suis parti sans bouteille d’eau (j’ai perdu ma gourde à Devèze mais ce n’est pas une excuse), et en sandales… de randonnée. Tout du moins théoriquement. C’est ce que m’a affirmé le vendeur du Go Sport des Halles à Paris, si ce n’est qu’un vendeur est avant tout là pour vendre.
Je ne me plains pas pour autant, comme toujours en ce genre de cas je joue l’orgueilleux que rien n’atteint. Je grimpe à en perdre haleine et souffle comme une locomotive, ce qui s’entend d’autant plus que mes deux camarades sont silencieux. Partis à 10H, nous franchissons des zones à découvert, en plein cagnard. Les gens croisés se font rares, certains chemins ressemblent à tout sauf à des chemins, il faut prendre garde où on met les pieds car certaines chutes ne pardonneraient pas.
En contrepartie nous sommes récompensés par des paysages à couper le souffle, où j’ai pu expérimenter un écho jamais entendu de ma vie. En bas, Bédoin qui rétrécit de plus en plus. En haut, le mont Ventoux qui se rapproche… lentement. Si lentement ! On s’égare, on retourne sur nos pas, on tente. L’heure tourne et j’angoisse : tout porte à croire que je ne pourrai démarrer mon activité artistique à l’heure initialement prévue (15H). Passant mon année à être à cheval sur les horaires (*), ce premier souci me stresse plus que de raison, si bien que je ne profite qu’à moitié du moment. Malgré cela, toujours ce côté grisant de l’effort physique, avec cette envie d’abandonner bataillant sans cesse avec le désir de continuer et se dépasser.
(* : car de septembre à juillet : prévoir le lieu d’intervention, anticiper, partir en avance, se dépêcher, marcher jusqu’à la maison du client chez qui animer l’anniversaire, et surtout songer à tout cela pour mon équipe d’animateurs… Avec pour principe qu’arriver pile à l’heure est déjà être en retard. Même si l’année n’est pas faite que de cela.)
Enfin arrivés, fiers de nous malgré tout, les parents d’Oscar viennent très aimablement nous chercher et c’est la descente. Vraiment, on a fait tout ça ?! Lorsqu’on observe le mont Ventoux depuis Bélézy, c’est impressionnant. Lorsqu’on zyeute Bélézy depuis le mont Ventoux, c’est moins évident : tout est si petit qu’on a du mal à distinguer le camping, ou même la paroisse Bédoinaise.
Je déboule en trombe à 15H et… un certain nombre de minutes. Il y a déjà du monde qui m’attend, point positif, la sauce a l’air de prendre dès le début ! Personne ne m’en veut, je m’installe au plus vite et débute les dessins sur corps sans prendre le temps de manger. Une demi-heure avant j’étais dans un état catastrophique (en apparence), rouge, essoufflé, sans dire un mot, à me remettre de tout cela. Ayant l’air d’être au bout de ma vie, en fait juste ma façon à moi d’émerger.
Mes sandales ont pris cher mais ont tenu le coup, comme moi. Je m’en suis fait des blessures au pied gauche, le reste du séjour se déroulera nus-pieds ou avec de vieilles baskets déglinguées (autant les achever). En cette première journée, j’enchaîne les petits body-paintings sans shooting, surtout pour des enfants, et j’installe tout ce qu’il faut, à savoir notamment une bonne cinquantaine de photos sur les arbres entourant mon stand.
Le pari semble réussi, désormais il s’agit de transformer l’essai…
Deuxième jour : opération cartographie
Hier au soir, il y eut concert. On me l’avait dit et je m’en rends bien compte : Bélézy est en bonne partie un camping d’artistes. Théâtre contemporain et rock ont davantage leur place que les animations lambdas de campings municipaux (contre lesquels je n’ai rien). Il y aura même sous peu un concert de classique ! Je me réveille au « Clicochic 5 », magnifique mobil-home tout de bois vêtu (ou presque). Je devais dormir en dortoirs, finalement ce sera ici, Aubryan a tout fait pour qu’on me soigne aux petits oignons…
En route ! Je poursuis ce que j’avais débuté la veille : arpenter ce camping 5 étoiles en long, en large et en travers. Pas uniquement pour le plaisir de la balade : l’idée est de tout cartographier. Noter les spots à exploiter en shootings photo, mettre toutes les chances de mon côté pour des séances pleinement réussies. J’évite juste « Les hauts de Bélézy », pensant à tort ne pas y avoir accès.
Les coins sont si nombreux que bien vite je dois reproduire un plan succinct des lieux sur ordinateur. Sophie, l’une des responsables, accepte de les imprimer. Ça y est, j’ai tout en main. Les possibilités de shootings vont être innombrables… D’autant que d’autres idées surgissent toujours pendant les clichés. Plusieurs personnes souhaitent d’emblée participer, tout semble s’annoncer encore mieux que je le pensais.
Nature préservée, sauvage, très belle (et grande) piscine… L’après-midi, je body-painte puis photographie l’ami Arthur, oui celui de la rando. A oilpé sous l’ombre et la fraîcheur des platanes, cette redoutable et redoutée canicule est de la rigolade. Est même bien plus un plaisir qu’autre chose. De-ci de-là on entend une chorale, du piano, l’un dessine, l’autre fait de l’accordéon, de la guitare… Et lorsque personne ne joue il y a l’omniprésent chant des cigales.
Arthur admire le travail fait et pose très bien. De premiers superbes clichés sont en boîte !
Le rythme de croisière ne va pas tarder à être pris, et les aventures artistiques de se multiplier.
A suivre…