– Article plus long que d’habitude, plus grave aussi… Je ne pouvais pas faire moins long, ni plus léger. la thématique étant trop importante pour faire l’économie d’une véritable réflexion –
Toute structure (site, asso, camping…), liée d’une façon ou d’une autre au naturisme, reçoit de temps en temps un contact douteux. Quelque personne mal intentionnée, au discours peu clair… je pense que chaque responsable associatif ou dirigeant pourrait plus ou moins en témoigner. Ce n’est pas pour rien qu’il y a des signalements, des règles, une éthique à respecter, et différentes façons de veiller à une atmosphère saine et sereine.
Le projet Symbiose est associatif, donc sans terrain. Sans être spécifiquement naturiste car aussi associé à d’autre démarches (studio, face-painting…), il reste très lié à plusieurs domaines naturistes. Les shootings en attestent.
Il m’arrive de recevoir quelques eMails peu recommandables…
En général rien de bien méchant : un couple exhib’, un dragueur gay, un message loufoque ou que sais-je. Il me suffit d’éconduire gentiment. Dernièrement, cela a pris une tournure plus inquiétante, qui, me semble-t-il, pourrait correspondre à un vrai souci de sécurité dans les centres naturistes.
Lorsque je reçois un soutien équivalent à un souhait d’accès au site privé de Symbiose…
(pour qui visite ce site pour la première fois : il présente mes body-paintings effectués pour la plupart en domaines naturistes, et chaque shooting existe en mode « extrait », soit ici, et en mode « complet » sur le site des souscripteurs)
…je vérifie souvent deux-trois petites choses sur l’identité de la personne. Assez brièvement, mais… au cas où, par exemple, l’internaute serait lié à un forum « exhib » avec risque qu’il y poste des photos récupérées sur le site de Symbiose. Oui, certains hélas confondent des intentions qui n’ont rien à voir entre elles.
Mais en jetant un œil à l’identité d’un soutien, je tombe sur bien plus grave : un homme référencé dans plusieurs articles de presse pour une affaire internationale de contenus pédos-criminels. Prénom et nom correspondent, pays aussi… nom peu courant… le doute est faible. Si je fais erreur, je peux toujours éviter une injustice en demandant un extrait de casier. Mais inutile : la personne me confirme qu’il s’agit bien d’elle. Je lui rembourse les sous, explique que je ne puis lui donner accès au site privé.
Certes, son affaire ne date pas d’hier et l’homme a purgé sa peine…
Je n’écris pas cet article pour révéler quoi que ce soit de son identité, bien que les données soient publiques (articles de presse en ligne). Je ne souhaite pas que cela engendre quelque situation de menace ou de harcèlement que ce soit. Mon but est plutôt de soulever un problème.
Non pas celui des prédateurs en tant que tels. Ces derniers existeront toujours, en toute société, en tout milieu. Mais plutôt aux moyens de s’en prémunir.
Car il semblerait que cette personne continue, depuis sa condamnation, à fréquenter les centres naturistes. En tenant un discours assez surréaliste… Il ne voit pas sa compulsion comme une pathologie, ne semble pas comprendre mon refus…
Suite à cela, après avoir coupé court à ce début de dialogue qui n’avait pas grand sens, j’ai tenu à prévenir les fédérations concernées : la FBN (Fédération Belge de Naturisme) et la FFN (Fédération Française de Naturisme). Aucune des deux n’a été simple à contacter, il a fallu relancer… J’ai vraiment le sentiment que le sujet provoque un malaise. Bien sûr je peux le comprendre, qui pourrait être détendu avec un tel thème ?
Moi-même j’aurais préféré ne pas avoir à écrire cet article. Chaque mot est pénible à rédiger. Mais raison de plus pour affronter cela, et y réfléchir de façon dépassionnée, sans désir de haine ou de vengeance.
NOTA BENE : le thème est si tabou que tu YouTube par exemple, le mot en lui-même n’est même plus prononcé par les YouTubeurs pros afin que leurs chaînes ne se fassent pas démonétiser. Du côté des médias, ce sujet peut parfois (rarement ?) être soulevé, avec souvent la même réponse du côté des naturistes : il n’y aurait aucun souci car une surveillance discrète et venant de chacun serait de mise. Je veux bien croire en la bienveillance de tout-un-chacun : mais est-ce si simple ?
La FFN a apparemment vérifié que le nom ne correspondait à rien de connu dans la fédé. La FBN m’a donné (après insistance de ma part) une fin de non-recevoir. On ne pourrait rien faire, faire quoi que ce soit serait interdit, pourrait amener des soucis judiciaires…
(ci-dessous, un extrait de la réponse de la FBN. De nouveau, l’idée n’est pas d’incriminer qui que ce soit mais de soulever un problème, d’en débattre, de chercher des solutions)
Pourtant, il me semblerait logique de transmettre, à minima, l’identité de la personne aux centres et campings, afin qu’elles prennent garde à ce que cet homme ne séjourne pas dans un domaine. Et là où le trouble est plus général, c’est que nous ne parlons que d’une seule personne. Nul doute qu’il y en a d’autres…
Ces gens sont-ils davantage attirés par les endroits naturistes que classiques ? Je n’en sais rien. Impossible de tirer une généralité d’un exemple unique. Mais je m’étonne qu’aucune mesure particulière ne soit prévue dans le cas d’un homme lourdement condamné par le passé.
Toute structure est libre de refuser un arrivant, tant que ce n’est pas lié à une discrimination raciale ou autre.
S’il y a de bonnes raisons c’est parfaitement légal, du reste les expulsions ou non-acceptations de vacanciers arrivent. De fait, j’ai beaucoup de mal avec ce sentiment d’avoir lancé une alerte dans le désert…
Bien entendu, que faire au juste ? La réponse n’est en rien évidente. Trop surveiller, trop soupçonner crée un climat délétère. Pas assez est un risque. J’ai plusieurs fois été surpris, par exemple, que dans certains grands centres on pouvait entrer sans aucun souci. Toutefois je persiste et signe : une personne condamnée ne devrait pas être en droit de fréquenter ces lieux.
Le sujet est ouvert, n’hésitez pas à réagir. Je suis moi-même partagé sur certains points ! D’une part, je peux saisir que la problématique laisse les centres et fédérations au dépourvu. D’autre part, c’est un souci qui existe depuis longtemps (exemple : les « éducateurs » condamnés de l’école en bateau), mais aussi différentes choses que j’ai entendu au cours de mes séjours, me montrant que cette problématique est réelle et ancienne.
…
Par souci d’honnêteté et de transparence, la totalité des réponses de la personne incriminée est mise ici, également afin de répondre précisément à son discours (et donc retranscrire, en résumé, les réponses que je lui ai données). Ainsi, je prends le soin de ne rien omettre, et par-là même de ne rien dénaturer. Ainsi, chacun a toutes les cartes en main pour se forger son point de vue personnel.
Je le rappelle : je ne cherche en rien à lancer des rumeurs, une chasse au sorcière ou à jeter la pierre sur quelque responsable que ce soit. Mais pour tout dire, ce n’est pas la première fois que j’estime les règles de sécurité trop légères en différents lieux naturistes. Là, cela atteint un point assez culminant, c’est le moins que l’on puisse dire…
C’est donc l’occasion de lancer une réflexion sur le sujet. Je ne suis pas dans une pensée binaire, je laisse à chacun le soin de se faire son opinion, c’est pour cela que je livre ici le maximum d’éléments, afin que toute personne interpelée puisse avoir toutes les cartes en mains pour se forger sa propre réflexion.

- Lors d’un atelier cuisine ou dans un club d’échecs, je ne jugerais pas une personne ayant été condamnée pour telle ou telle chose. Et ce quelle que soit la condamnation. Car cela n’aurait aucun rapport… Les mesures à prendre sont pertinentes lorsqu’il y a un lien, comme c’est présentement le cas : un prédateur condamné ayant son fantasme sous les yeux, dans un centre naturiste, à longueur de séjour.

- Sa condamnation passée, sa pathologie, le fait qu’il en souffre toujours sans conscience que ce soit une pathologie… fait en sorte que c’est lui qui fait une confusion sexualité-nudité, et certainement pas moi.

- Je ne prétends en rien que pédophile = prédateur, dans le sens où je vois une différence très nette entre une personne souffrant de cette pathologie sans le moindre passage à l’acte… et un pédocriminel, donc ayant commis un passage à l’acte. Notre homme appartient malheureusement à la seconde catégorie.
- Je suis effrayé d’apprendre, si cela est bien véridique, que certaines familles naturistes semblent prêtes à accepter dans leur sphère familiale une telle personne tout en étant conscientes de sa pathologie.

- Ce n’est pas une « sensibilité particulière » (!!). Ni une « spécificité ». Et je ne vois aucune raison d’en faire un amalgame avec l’hétérosexualité ou l’homosexualité.
- Cette personne ne semble pas se considérer comme prédateur, comme étant passé à l’acte. Or, télécharger et partager des contenus pédocriminels EST un passage à l’acte.

Post Scriptum : Le sujet est déjà suffisamment dense ainsi pour ne pas m’étaler davantage. Mais d’une façon générale, j’ai plus d’une fois, par le passé, remarqué un certain laisser-aller en plusieurs lieux naturistes (*). Non pas du « Je-m’en-foutisme », plutôt une trop grande insouciance, une forme d’inconscience. Comme s’il ne pouvait jamais y avoir le moindre danger. Ou bien comme si, au contraire, ledit danger était une fatalité contre lequel l’on ne pouvait jamais rien faire.
* : pêle-mêle : soirées dans l’ensemble très textiles mais dans lesquelles on peut croiser du nu… avec une totale liberté de maniement des téléphones mobiles, dont prises de photos / enfants proches de quelques mètres de commerces libertins (cap d’Agde) comme d’ailleurs déjà signalé sur ce site / pouvoir entrer très librement en zone naturiste privée sans la moindre vérification d’appartenance au camping… Entre autres.
Un sujet bien difficile en effet…
Pour avoir été quelques années avec un képi sur la tête et une tenue plutôt bleue, j’ai pu constater que pour les personnes ayant « franchi le cap » du passage à l’acte, le taux de récidive est malheureusement très élevé…
Et oui, je ne suis pas pour que les personnes condamnées soient autorisées à fréquenter les centres ou tout autres associations nat…
Hervé
Jean
Le sujet traité est très sérieux et il est bon de le traiter. Pour ma part, je crois qu’il faut être très strict sur le site avec les images des enfants qui sont diffusées.
Bien sûr, elles le sont avec l’accord des parents, j’espère aussi des enfants eux-mêmes. Mais, avec les moyens modernes, de reproduction et de diffusion, il n’est plus possible de maîtriser efficacement ce qu’elles deviendront et l’usage qui peut en être fait par tous ceux qui y ont accès.
Il faut également ménager l’avenir : des enfants qui, aujourd’hui, n’ont aucune difficulté avec les photos qui sont diffusées d’eux peuvent, très légitimement, avoir un autre avis dans quelques temps, alors que le contrôle de leur image leur aura totalement échappé. Ils pourront toujours faire ce qu’ils jugeront bon quand ils seront devenus adultes.
Je crois donc que les photos qui sont prises doivent rester strictement dans le cercle familial quand elles permettent d’identifier les enfants. Bien sûr, cela privera le site de quelques clichés artistiquement très réussis, mais c’est le prix du respect auquel il ne faut déroger sous aucun prétexte.
Félicitations pour le contrôle déjà exercé mais je crois que ça ne peut qu’être insuffisant si les intentions de ceux qui s’inscrivent ne sont pas bonnes.
Merci de ton commentaire Jean,
Je comprends ton point de vue. Bien entendu, toute photo familiale est diffusée avec l’accord des parents et des enfants. Les rares personnes ayant une tendance pathologique sont-ils particulièrement friands de ce type de photos et de projet ? Je ne pense pas. Ils projettent également leurs fantasmes sur les plages à maillots de bain, les robes… tout. Aucun élément, à priori, (et c’est heureux) n’indique qu’ils seraient davantage attirés par les domaines naturistes, ou les photos artistiques naturistes. Du reste lorsqu’on les coince, c’est rarement en ce type de lieux.
Si je déplore bien entendu que quelques personnes atteintes de ce trouble puissent voir les photos, ce qui me pose encore bien plus souci est qu’ils puissent, visiblement et même après condamnation, fréquenter comme ils le souhaitent les campings naturistes.
Beaucoup de concepts artistiques n’exercent pas d’auto-censure sur le rapport mineur / nudité, comme c’est le cas pour le photographe Alain Laboile, Sally Mann… et bien d’autres. Je trouverais dommage que leur travail n’ait jamais existé à cause de quelques regards malsains.
Concernant les avis de modèles pouvant évoluer, oui bien sûr mais toute personne ayant grandi qui a changé d’avis est libre de me contacter pour modifier son souhait. Bien entendu on peut toujours se dire que ses photos ont été récupérées avant suppression du site, mais quoi qu’il arrive ce sera de façon anecdotique.
En fait, généralement c’est plutôt l’inverse qui arrive : après le shooting un certain nombre de mineurs et de parents ne souhaitent aucune diffusion (ce que je respecte bien entendu) justement car l’apparence des photos correspond à l’apparence actuelle. Lorsqu’on a 20 ou 25 ans, les photos sur lesquelles on a 8, 10 ou 12 ans sont très peu identifiables.
Tu ne seras donc sans doute pleinement pas en accord avec la totalité de la démarche, là encore je peux le comprendre, mais tant que la démarche est saine, artistique et produite dans les règles de l’art, même si rien n’est idéal cela reste pour moi diffusable dans une certaine mesure.